Plonger dans la vision large ...

Il étais assis juste en face de moi. Je sentais que cet homme n’était pas à l’aise à l’idée de découvrir ce qu’allait lui transmettre son chat. Il savait que mon approche n’était pas traditionnelle, et une part de son inconscient sentait certainement que son chat l’attendait. Je le trouvais très courageux !
 
Il sorti gentiment son carnet de la poche de son manteau, et pris le temps de lire les questions qu’il avait préparé la veille de la séance. Son nez ne décollait pas de sa feuille. Il était difficile pour lui de me regarder. Je souris et le laissais faire. D’après ce que j’entendais, il souhaitait savoir comment son animal se sentait aujourd’hui. S’il y avait des choses à améliorer dans son quotidien, et s’il avait bien vécu tous les derniers changements qu’il y avait eu dans sa vie. Notamment son adoption qui avait été difficile.
 
Pendant que son humain parlait, le chat s’est tranquillement assis juste à côté de moi. Il n’était pas physiquement dans la pièce, mais son esprit était bien présent. Je les vois souvent intervenir en transparence. Ils sont un véritable pilier pour le bon déroulement de la séance.
 
Le chat lui ne souriait pas vraiment. Je le sentais fatigué. Il me fit comprendre que si je répondais sagement à ses questions, j’allais entretenir la plus grande faille de son humain : la culpabilité. C’était pour cette raison qu’il s’était incarné à ses côtés. Son humain n’était pas sûr de lui, et prenait la lourde responsabilité de tout ce qu’il se passait autour de lui. Son chat souhaitait du plus profond de son cœur que cela change.
 
Cet animal se sentait impuissant face à ce schéma émotionnel, et avait besoin de mon aide. C’est d’ailleurs souvent ce que je ressens quand j’accompagne les animaux. Leur impuissance face à cette étrange préférence de l’humain pour ses schémas émotionnels limitants, alors qu’il pourrait choisir la vie, tout simplement.
 
J’ai donc proposé à cet homme de poser son carnet, de respirer et de sentir l’espace d’où provenaient ces différentes questions. Comment se sentait-il ? Qu’est-ce qui animait cette volonté d’obtenir ces réponses ?
 
Il a rapidement fait le chemin, et j’ai compris qu’au fond, il savait pertinemment ce qui motivait cette séance. Il sentait son âme lui demander de changer, comprenait que son attitude impactait son chat, mais ne sachant pas comment s’en sortir, il s’était finalement résolu à accepter cette forme d’impuissance émotionnelle.
 
Perdu dans notre vision étroite d’être humain, nous nous laissons diriger par des mécanismes de pensées qui nous affectent et qui peuvent avoir un réel impact sur nous-mêmes et sur notre entourage. Nous nous retrouvons à laisser passer nos vies, parce que nous n’avons jamais réussi à accueillir cette seule émotion…
 
Il m’est arrivé de travailler dans des écuries où l’entièreté des animaux présents sur place rayonnait la tristesse et la colère d’un seul homme.
 
Les animaux font alors preuve d’une volonté commune : nous guider pour accueillir ces émotions que l’on a caché à l’intérieur de nous-mêmes, et qu’ils rendent visibles par leur présence. Ce que nous cherchons est toujours juste derrière cette émotion que l’on se refuse d’accueillir…
 
Il faut donc cesser de se mentir. A de nombreuses reprises, je me suis surprise à créer du temps pour ne pas rencontrer ce monstre noir qui me terrifiait à l’intérieur de moi-même. Mais il est temps aujourd’hui de quitter cette vision étroite déterminée par les souffrances que nous avons vécu, et de nous laisser glisser dans cette vision large … synonyme d’amour, de bienveillance et de gratitude.