La reliance, c'est quoi ?
Je me souviens de la toute première fois où j’ai pris connaissance de l’existence de la communication animale. C’était au travers du livre de Marta Williams, La connexion perdue. Alors que je lisais le résumé, ma respiration s’est comme arrêtée : « Et si ça existait ? ». J’entends encore la puissance et la profondeur de cette question …
Enfant, j’étais persuadée que les créateurs de dessin-animé ne tiraient pas leur imagination de nulle part. La vie ne pouvait être si injuste. Elle ne pouvait donner une parole à l’humain sans en donner une à l’animal.
Ce livre me remettait face à ces pensées enfantines, et à cet esprit qui croyait encore à la pertinence de ce monde imaginaire. Au fond, j’ai toujours su que la réalité était bien différente de celle qu’on nous offrait au quotidien. Mais jusqu’à présent, je n’avais eu d’accroches concrètes pour gravir cette idée.
Appelée par cette ouverture de cœur, ce livre s’est rapidement retrouvé entre mes mains. J’ai dévoré chacune des pages, et m’évertuais à faire chacun des exercices. Si j’ai une qualité, c’est bien celle-ci : la force de répondre à ce que je ressens au fond de moi. Et peu importe les obstacles, cette voix est toujours plus importante que toutes les autres.

La chute a malheureusement été brutale. Mes animaux ne coopéraient absolument pas aux exercices donnés, et ne me donnaient aucun moyen de faire taire ce doute malgré tout présent. J’ai tout tenté. En passant de la carotte cachée dans une de mes poches, à la volonté qu’ils me fassent une grosse léchouille sur le visage. Rien à faire. Aucune preuve physique ne me permettait de dire si la communication existait bel et bien.
J’ai fini par ranger ce livre. Il a pris la poussière pendant de longs mois, et un jour, sans savoir pourquoi, l’appel est revenu. C’était plus fort que moi. Cette fois-ci, je suis allée plus loin en m’inscrivant sur le forum de Pensées animales. Cette plateforme m’a permise de mêler la théorie à la pratique. J’ai été bluffée par le retour que j’ai pu avoir sur mes propres animaux. Cette fois-ci, j’y croyais pleinement ! Nous pouvions communiquer avec nos animaux !
Frappée par cette confirmation, je n’ai pu m’empêcher de courir en pleurs vers mon cheval. Je le remerciais de toutes mes forces pour les mots qu’il avait offert. Je crois que c’est la première fois que je sentais le côté protecteur et paternel d’Ocelot et que j’apercevais la puissance de son âme.
J’avoue avoir rapidement senti une forme de décalage entre ce que me faisait sentir cet appel, et l’approche enseignée pour entrer en lien avec le monde animal. A l’époque, j’étais encore en étude, et j’étais fatiguée de cette méthode d’apprentissage : « On apprend par cœur, on rédige sa copie et le professeur corrige ». En pratiquant la communication animale, j’avais finalement la sensation de retrouver cette même dynamique. J’étais seule devant la photo de l’animal, je devais répondre à des questions de vérifications, et l’humain confirmait ou non la réponse que j’avais reçue.
Je voyais bien évidemment tout l’intérêt de cette approche. Mais mon cœur me demandait de faire autrement. Le monde animal me semblait différent…
Cette quête m’a poussée à passer des heures assise dans le rond de longe, auprès de mon cheval, dans l’espoir d’entendre juste un mot, une phrase … Je souhaitais découvrir l’approche qui nous correspondrait vraiment …
Je laissais toujours la porte ouverte pour permettre à Ocelot d’être libre de ses mouvements. Mais il finissait tout le temps par me rejoindre et venir se placer juste derrière moi. Généralement, il se couchait et nous partagions ces longues et profondes respirations ensemble.
Nous avons partagé de magnifiques moments de présence, mais à l’époque, je restais frustrée de ne pas réussir à entendre sa voix. Plus tard, j’ai compris que se relier à l’animal ne signifiait pas entendre quelque chose, mais simplement ressentir la présence de son âme.

Un jour, alors que je me promenais en forêt, je me suis assise au pied d’un arbre. Passionnée par l’écriture, j’emmenais toujours un petit carnet avec moi. Le temps était pluvieux, mais les feuilles me protégeaient de l’humidité. Je me suis alors retrouvée à écrire ce qui me passait par l’esprit. Puis petit à petit, j’ai senti que ce n’était plus moi qui écrivais. Je l’entendais cette voix grave et profonde… Le temps d’un instant, je me suis retrouvée dans la peau d’une petite fille qui apprenait ce que signifiait être en vie.
Je sentais le poids de l’air sur mes épaules. Tout était plus dense autour de moi. Un peu comme en cet instant où j’écris ces lignes. Je ne savais pas qui me parlait. Je ne savais pas qui souhaitait m’enseigner. Mais je sentais toute la préciosité de ce qu’il me transmettait et comprenais que mon chemin était là … dans cette écoute attentive de ceux qui n’ont pas oublié ce que cela signifiait d’être en vie.
Je suis repartie de cette forêt enrichie, nourrie et pleine d’espoir. C’est cela que je devais appliquer auprès des animaux. Me taire pour les écouter, et à mon tour, pouvoir me rappeler qui je suis.
Ce qui me dérangeait finalement dans la pratique de la communication animale était toutes ces questions que l’on posait et qui, dans mon ressenti, déterminaient et fermaient le champ possible des réponses. Un peu à la manière de Socrate, je voulais admettre que je ne savais pas. Que l’on ne savait plus…
C’est à partir de ce lâcher prise que mon cheval a commencé à m’enseigner. Je m’installais dans son abri, et le laissait me guider pour écrire ces mots sur le papier. J’ai beaucoup appris sur ce qu’il appelait l’illusion de la séparation, sur la libération émotionnelle, et sur le rôle que devait avoir l’humain sur la terre. J’ai compris que si je voulais entendre le monde animal, je devais être prête à faire un chemin vers moi-même. Je devais accepter de partir à la rencontre de mes zones d’ombres, pour les aimer, et laisser ainsi plus de place aux messages que la vie souhaitait me transmettre au travers du vivant…

Finalement, se relier à l’animal, c’est accepter de reprendre sa juste place d’être humain en redessinant un lien sacré avec lui. C’est prendre soin à chaque instant de notre propre âme et ainsi préserver celle de notre animal. C’est quitter la vision étroite d’être humain, pour se laisser glisser dans sa vision large…
Je comprends aujourd’hui que ce mot répond pleinement à cette quête qui m’anime depuis que je suis enfant : toucher cette croisée des mondes. Collaborer avec l’animal pour révéler la beauté de ce monde. Ce mot dépasse alors ma volonté de communiquer avec le monde animal. Il répond à ce désir profond et vital de comprendre ce que signifie être humain sur cette terre.
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